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Christelle Guibert /Ouest France

Asie: Fukushima : la catastrophe n’a pas stoppé le nucléaire en Asie


Malgré les 1 846 morts indirectement liés au nucléaire, au Japon, après le 11 mars 2011, les autres pays asiatiques investissent beaucoup dans des nouvelles centrales.

La catastrophe de Fukushima a-t-elle stoppé la construction de centrales nucléaires dans les pays voisins du Japon ? Non, elle n’a pas conduit à une remise en cause générale de l’option nucléaire en Asie, malgré les 1846 morts indirectement liés, malgré les cas de cancers qui augmentent, malgré le fait qu'on ne puisse pas neutraliser le corium, cette masse de combustibles ultra-radioactive qui résulte de la fusion des cœurs des réacteurs. Actuellement, sur les 61 réacteurs en chantier dans le monde, 38 le sont en Asie : 21 en Chine, 6 en Inde, 2 au Japon (à Shimane et à Ôma), 3 au Pakistan, 4 en Corée du Sud et 2 à Taiwan. Où sont passés les milliers d’antinucléaires qui défilaient en Asie, il y a cinq ans ? Fukushima a bien revigoré le mouvement de contestation. Il s’est restructuré autour de l’organisation No Nukes Asia Forum et tous les antinucléaires prennent leurs informations dans l’excellent journal du Citizen’s Nuclear Information Center (CNIC), créé par le professeur japonais Jinzaburô Takagi en 1975. Outre au Japon, où 150 000 personnes avaient défilé dans les rues de Tokyo en juillet 2012, la plus grande manifestation depuis 1968, la population était très mobilisée à Taïwan : 130 000 Taïwanais en mars 2014 pour les commémorations des trois ans de la catastrophe. Ces mobilisations n’ont eu aucune conséquence ? Elles ont partiellement abouti. À Taiwan, une île qui enregistre plusieurs séismes chaque année (des milliers de morts en 1999), le nouveau gouvernement pourrait décider de sortir nucléaire. La colère se focalise autour de Lanyu, l’île des aborigènes Tao transformée en poubelle nucléaire avec plus de 100 000 barils de déchets radioactifs, et de la centrale de Lungmen, surnommée le « Frankenstein nucléaire » tant la maîtrise de l’ouvrage pose problème. Aux Philippines, la seule centrale construite qui n’a jamais démarré, pourrait être transformée en musée. En Indonésie, en Thaïlande, en Malaisie, les projets de construction des premières centrales ont été abandonnés ou reportés sine die. Tout comme, pour l’instant, le projet (essentiellement chinois) de transformer le désert de Gobi, en poubelle pour les déchets de l’industrie nucléaire d’Asie. Quels sont les pays qui défendent le nucléaire comme solution énergétique ? En chiffres purs, c’est actuellement la Chine qui compte 21 réacteurs en construction, mais en a une soixantaine en projet. Le Parti en veut une centaine d’ici 2020, seule façon pour elle de remplacer l’utilisation du charbon qui entraîne la terrible pollution atmosphérique. La parole des citoyens étant muselée, chaque projet se réalise. L’Inde est l’autre grande puissance asiatique qui s’équipe à vitesse grand V : elle ambitionne de porter la part du nucléaire à 25 % d’ici 2050.autre pays le plus actif est le Corée du Sud, qui a bénéficié très tôt, comme le Japon, de la technologie américaine, lors d’une campagne d’équipement civil appelé Atoms for peace. Aujourd’hui ce pays asiatique vient de damer le pion à la France en vendant ses propres réacteurs au Moyen-Orient ! Enfin le Vietnam qui cherche à s'équiper à marche forcée depuis dix ans, semble avoir ralenti sa quête.


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