Le responsable onusien des droits de la personne a condamné jeudi l'empressement de certains gouvernements européens à rejeter les migrants et les réfugiés.
Zeid Ra'ad al-Hussein compte exprimer ses préoccupations lors d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles la semaine prochaine.
Dans un rapport annuel présenté au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, M. Zeid affirme que l'ébauche d'entente intervenue cette semaine entre l'UE et la Turquie en réponse à la crise des migrants soulève des inquiétudes importantes, y compris l'éventualité « d'expulsions collectives et arbitraires du bloc ».
M. Zeid n'a pas encore reçu tous les détails de cette entente, mais il a demandé à l'UE de profiter du sommet de la semaine prochaine pour adopter des mesures plus humanitaires et plus respectueuses des droits de la personne.
M. Zeid s'inquiète de la construction de clôtures le long des frontières européennes, de la saisie des biens personnels des migrants et réfugiés, et de la détention arbitraire de gens sur la base de leur nationalité.
Il a dénoncé « l'accélération » de la course pour renvoyer les migrants chez eux, au mépris des principes fondamentaux de solidarité, de la dignité humaine et des droits de la personne.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a également profité de son discours pour condamner la mort, l'an dernier, de quelque 300 Noirs aux mains de la police américaine, les attaques récentes contre des civils israéliens et les allégations de crimes sexuels commis par des Casques bleus en République centrafricaine et ailleurs.
Par ailleurs, des experts ont prévenu jeudi que l'entente intervenue entre la Turquie et l'Union européenne risque de permettre aux passeurs de faire des affaires d'or.
L'Albanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie permettraient toutes de contourner la route des Balkans, maintenant essentiellement fermée, pour rejoindre l'Europe, mais les périls sont nombreux.
La Serbie rapporte ainsi l'arrivée quotidienne d'environ 150 personnes qui ont traversé la Bulgarie, où elles sont fréquemment sévèrement battues et détroussées par des résidants. Des groupes de 50 personnes ou plus placeraient leur sort entre les mains de la mafia locale pour franchir l'Albanie, parfois après être arrivés depuis l'Italie. En Hongrie, la clôture de barbelés déroulée le long de la frontière semble de moins en moins étanche, et de nouveaux trajets semblent avoir émergé.
De son côté, l'Espagne collabore avec l'Algérie et le Maroc pour tenter d'empêcher l'apparition de nouveaux itinéraires dans cette direction.